Depuis des années, je m’interroge sur le cliché. Cette pensée figée associée à une image ou une information, que nos parents, nos camarades, notre société nous a inculqué d’une manière ou d’une autre. De manière confortable, notre cerveau en est rempli et il n y a pas un jour qui passe sans que nous n’associons, quasi automatiquement, une pensée toute faite à un comportement, une image, une rencontre, une info.
Ceci me semble dangereux… et si réducteur pour nous-mêmes. Ainsi, sans réfléchir, nous apposons un jugement immédiat sur un objet quelconque. Un automatisme qui nous transforme en juge sans humanité. Prenons l’exemple d’un couple que l’on croise dans la rue. Lui a 70 ans, elle 35. La première pensée qui nous vient automatiquement en tête est le dégout. On se retrouve là, face au cliché de la jeune femme vénale et du vieux qui se paie une minette. En réalité, nous ne savons absolument pas quelle est leur situation. Mais parce qu’il est confortable pour nous de penser que nous avons cerné ce qui se passe face à nous, nous concluons que ce cliché et cette interprétation correspondent au tableau. Et nous en restons là… Laissant ce cliché l’emporter sur notre humanité, sur nos capacités à juger de manière impartiale une situation. Au final, l’interprétation au travers du cliché est l’inverse même de l’ouverture d’esprit et de l’intelligence.

N’est-ce pas d’une tristesse absolue?

Pensez à ce tableau qui illustre à mon sens bien l’idée du cliché. Celui de Magritt: « La trahison des images« . On y voit une pipe peinte avec un texte en dessous disant « Ceci n’est pas une pipe. » Vous l’avez sans doute déjà vu. (Sinon un petit tour sur Google vous montrera le tableau en qq secondes!)
En effet, l’image sur le tableau représente une pipe… Mais n’EST pas une pipe. Ce n’est que le dessin d’une pipe, mais non l’objet lui-même. Le cliché pourrait se rapprocher de cela… Une image, une interprétation dans notre tête… or, l’image n’EST pas le cliché.

Alors j’ai eu envie, par cette séance photo que vous allez découvrir plus bas, de me jouer des clichés et d’un en particulier. Et j’ai eu envie par la même occasion d’inviter mes lecteurs et tous ceux qui poseront leur regard sur ces photos, à s’interroger sur leur première réaction qui sera, pour beaucoup d’entre vous, le fruit d’un cliché inculqué depuis de longues années peut-être. J’ai eu envie, par ces images, de vous raconter une histoire qui n’est pas celle qu’attend votre mental ou votre éducation.

Je vous invite donc à regarder les situations de la vie de tous les jours, les gens, les images, avec votre coeur. Avec votre intelligence. Et de faire taire, parfois, les associations du cerveau qui nous ont été inculquées.
Oubliez les clichés. Allez chercher plus profondément en vous ce que telle ou telle chose émet. La prochaine fois que vous jugez hâtivement, prenez un instant pour vous interroger sur la nature de ce jugement. D’ou vient-il? Pourquoi ai-je pensé cela? Qu’est ce qui me fait réellement dire que la situation est comme ci ou comme ça?
C’est ainsi que l’on apprend à ne plus juger sans raison. Que l’on apprend à ouvrir son coeur. Et que l’on commence à … Apprendre de la vie. Tout simplement. Là ou le cliché s’éteint, la liberté de penser s’éveille.
….

Avant de regarder les images
Ce shooting m’a été inspiré par mon clip préféré de tous les temps, Ride de Lana Del Rey. 10 minutes d’une histoire contée par une jeune chanteuse fragile et paumée qui recherche la liberté et le frisson au travers de ceux qu’elle voit comme des hommes, des vrais, des durs. Nous entrons dans le cliché du motard. Le gros biker à barbe, qu’on imagine une main dans le pantalon face à son calendrier Playboy, et une main sur sa bouteille de bière. Ce clip, la première fois que je l’ai vu, j’ai été interpellée. Choquée. Si j’ai aimé l’ambiance, les teintes, les paysages, la colorimétrie des images, je n’ai, en revanche, pas compris pourquoi Lana avait choisi ces mecs-là pour jouer ses petits copains. J’étais un peu dégoutée. Je n’aimais pas du tout ce cliché du biker et n’ai jamais été touchée par l’univers, que j’imaginais sordide, des routiers ou des motards. Les mecs « à la dure », je les jugeais, et je le regrette, puériles et pathétiques. A côté de la plaque. Et puis j’ai regardé le clip, encore et encore. Et alors que l’étendage du cliché même, là sous mes yeux, d’une gamine, à tomber de beauté et d’une bandes de voyous en Harley, était conté à son paroxysme, il a soudainement volé en éclat dans ma tête. Me permettant de voir au delà du cliché qui me retenait, voyant enfin ce qui réunit chacun des personnages de cette vidéo; ce qui réunit la nana paumée et les bikers qui font peur….. Le besoin vital, dans certains cas désespéré, de liberté.
Au final, c’est ce besoin d’être libre qui est l’essence même de ce clip, qui est le message de cette vidéo. Pourtant ça saute aux yeux, non? Alors pourquoi ais-je été scotché à ce cliché à qui j’ai accordé la première place au détriment du message même du clip? J’en ai presque honte…

Parce que la liberté est une poésie et que je voue un culte à toutes ses formes et ses interprétations, j’ai décidé de créer mes propres images et ma propre interprétation de « Ride » et de braver, moi aussi le cliché. De cette envie est née une série de photos que je vous soumets ci-dessous. (Je vous conseille de voir le clip de Lana avant, pour en cerner l’univers)
Et si au travers de ces photos, vous ne voyez que l’image d’une nana paumée, une minette à poil sur la moto d’un gros dur, alors reconsidérez votre interprétation. Tentez une nouvelle lecture. De manière imagée, ne lisez pas simplement le titre en rouge sur une enveloppe. Ouvrez-là et regardez ce qu’il y a dedans. Car aller au delà du cliché, c’est aussi faire preuve de curiosité. D’une curiosité saine motivée par l’ouverture d’esprit.

Un grand merci à Marcos et sa superbe Harley, que vous découvrez tous deux sur les photos. Marcos est un ami suisse aux origines espagnoles. Délégué commercial dans une grande radio. Doux, intelligent, passionné par le Japon et qui en apprend actuellement la langue.
Pourtant, quand on le voit là sur sa Harley, le cliché veut que ça ne soit pas notre idée première du personnage, non? 😉

Et si, dans notre vie, chaque jour, nous nous éloignions du cliché…? Du jugement? De l’interprétation que l’on se fait de ce qui passe devant nos yeux?
Et si on ouvrait notre coeur et y laissions entrer la surprise? Le monde nous paraitrait d’un coup d’un seul, un univers inconnu aux milliards de scénarios. Tordons le cou aux clichés pour enfin vivre par soi-même.

Et n’oubliez pas l’enseignement de Magritt…. « Ceci n’est pas une pipe. »
Ces images ne sont pas le cliché qu’elles démontrent.

Bonne lecture, bonne aventure, bon voyage dans votre imaginaire <3

Love.

(PS: Les écrits que vous verrez ci-dessous sont issus pour la quasi totalité du texte de la chanson Ride de Lana Del Rey.)

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