Si vous me suivez depuis plusieurs années, vous savez que j’adore les festivals d’été et que j’ai pour habitude de créer des looks élaborés lorsque je me rends à l’un d’eux. Mes efforts étant décuplés lorsqu’il s’agit de Coachella en Californie et de Paléo, l’un des plus grand festival dans mon pays d’origine, la Suisse. Mais certains (surtout en Suisse où les gens n’ont pas l’habitude de se « looker » lorsqu’ils vont en festival!) se demandent pourquoi est-ce que je fais ça, quel est le but de cette démarche… Et bien il y a une raison principale qui motive l’investissement que je mets dans chaque création de look, et cette raison risque de vous surprendre. Car en effet, il ne s’agit ni de se faire remarquer, ni d’être plus jolie ou plus voyante que les autres. Non, derrière ces looks, c’est un message, une impulsion que je souhaite donner aux gens à qui cela parlera, selon ce qu’ils vivent dans leur vie… En effet, je souhaite montrer qu’en festival, au travers simplement d’un look différent, on peut faire l’expérimentation de l’audace, du courage, de l’affirmation de soi, sans conséquence aucune… Et vous savez quoi? Cela peut changer notre vie. 

Tout au long de mon parcours, j’ai rencontré des gens disant « J’aimerais tellement, mais je n’ose pas » , et ce, dans tous les domaines! Ils aimeraient oser se lancer dans le métier de leur rêve, oser révéler qui ils sont vraiment à leurs proches, oser parler à leur boss, oser prendre position face à une situation qui les fait souffrir… Ils aimeraient oser dire qu’ils ne sont pas ou plus d’accord, oser porter autre chose que du noir, oser même mettre un chapeau dans la rue ou un accessoire qu’ils perçoivent comme atypique, oser repenser leur vie qui ne leur convient plus, oser déclarer leur flamme. OSER.
C’est finalement toujours une question d’OSER. Et pourquoi n’osons-nous pas la plupart du temps? Par peur du rejet, du jugement de l’autre, de l’humiliation, des moqueries. La peur nous empêche d’ETRE.

Se looker pour un festival peut être thérapeutique!

Alors expérimenter le regard des autres, les moqueries éventuelles, les yeux pleins d’admiration ou de jalousie, tout ceci, j’ai décidé, de manière thérapeutique sans doute aussi, d’y faire face dans un environnement qui ne porte pas à conséquences: celui d’un festival, et plus précisément, celui de Paléo Festival. Car oui, il faut du courage pour oser porter des tenues extravagantes ou complètement hors normes dans un pays et une région où les gens n’ont pas du tout l’habitude de cela et qui, on le sait pertinemment, vont nous juger. Je l’ai fait pour la première fois durant la semaine complète de Paléo en 2017. Résultat: je me suis régalée sur le plan de la créativité et des expériences vestimentaires! Par contre, j’ai aussi assumé un lot de critiques et de méchancetés lancées à mon égard lorsque je me baladais sur le terrain du festival. J’ai appris à y faire face et , petit à petit, à ne plus prendre ces remarques contre moi mais à comprendre que les personnes qui les font n’ont pas un problème avec moi personnellement, mais avec l’image que je renvois. Et puis, j’ai eu aussi pleins de compliments et ai fait attention de ne pas nourrir mon égo avec. Tout ceci n’est qu’une image, et les gens ont appréciés, ou non, l’image que je renvoyais durant cette semaine d’expérimentation. A la fin de cette première semaine -je m’en souviendrai toujours- je me suis regardée dans le miroir et me suis dit « Céline, tu as OSé!! Tu as affronté toutes les critiques!!! Tu t’es fait plaisir!!! Je suis fière de toi! » J’ai ressenti beaucoup de force en moi à cet instant et ai eu l’impression d’avoir acquis de nouveaux outils pour la suite de ma vie. C’était un sentiment très intéressant.

J’ai remis ça en 2018 et en 2019. Avec plus d’aplomb encore. Les méchancetés et les critiques que j’entendais lors de shootings photos ou simplement en me baladant dans le festival (« Elle se prend pour qui celle-là?? » , « C’est pas Coachella ici! » , « Regarde comme elle pose! » , « Trop moche! » , « Influenceur de merde! » , etc) me touchaient de moins en moins. Mon arme? Sourire et dégager le plus de bienveillance et de paix possible. Cela m’a également fait expérimenter la compassion pour ceux qui s’en prennent directement à mon image en me croisant. Pas toujours facile d’ailleurs quand l’égo est piqué, mais j’ai réussi à avoir de beaux résultats et ma compassion s’est depuis largement développée, grâce, notamment, à cet exercice.
J’ai alors continué. Car en parallèle à ça, je recevais des dizaines, des centaines de messages de gens me disant « Grâce à toi, je vais oser cette année me faire plaisir. Je vais oser porter tel ou tel truc, je vais oser me faire jolie » , etc,… Et ça, c’est EXACTEMENT le but de ma démarche. Aider les gens à se libérer petit à petit. Du moins ceux qui sont sensibles à cela et qui ont compris que se libérer et se permettre d’être qui on est dans la vie peut aussi commencer par de petits exercices pratiques comme celui, à priori bien anodin, de s’habiller tel qu’on le souhaite dans un festival. 😉

Alors bravo à tous ceux et toutes celles qui ont osé cette année ou les années précédentes. Ce genre de petites victoires comptent. Cela commence, par exemple, par oser un look à Paléo. On voit qu’on y arrive et que cela ne nous a pas tué. Puis on ose ensuite s’affirmer différemment dans la rue, puis au travail, dans son couple ou sa famille. Non plus avec un look, ou pas forcément du moins, mais avec une attitude, des paroles, des actes plus en adéquation avec qui l’on est. Tout ceci va crescendo. D’expériences en expériences, on avance.

Cette année, et après 2 éditions qui n’ont pas eu lieu du à la crise mondiale, j’ai eu quelques appréhensions quant à mon envie d’oser à nouveau me confronter au regard des gens. Je l’ai fait. Plus vraiment pour moi, mais principalement pour porter encore une fois ce message. Pour montrer à ceux qui regardent mon travail qu’on peut, que si je le fais, n’importe qui peut le faire, et que les regards des autres ne tuent pas. S’assumer est (et, je crois, a toujours été!) un acte militant. Et si il y a plusieurs degrés dans l’assumation (ndlr: nom féminin désignant l’action d’assumer quelque chose, de s’assumer) complète de soi, assumer son apparence et sa singularité en font partie.

Au final et pour conclure, je dirai à tout ceux qui ont jugés ma démarche comme superficielle et qui n’ont vu là qu’une gonzesse qui cherche à attirer le regard, de réfléchir, si ils le veulent bien, à cet à priori une seconde fois… Il y a souvent des raccourcis qui rassurent et qui contentent notre égo, notre part de médiocrité parfois même, mais qui empêchent grandement de voir les trésors et les surprises qui se trouvent sur un chemin de pensée un peu moins direct…

2 Comments

  1. Christiane Reply

    Très bel article et puis merci Céline j’ai osé les paillettes à Paleo……et je vais recommencer pour nouvel an.

    • Merci Céline pour ces bonnes vibes qui m’ont vraiment parlé… combien de fois je n’ai pas osé assumer ce que j’aime, même pas forcément des choses folles mais juste assumer… j’aimerais bien oser cette année, alors que personne dans mes amis ne le feraient… me pailletter et me looker à Paleo! Pour le plaisir d’oser, de changer un peu notre routine… en tous cas la graine est plantée! Merci!

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