« Ce sera nous dès demain, ce sera nous le chemin… Pour que l’amour qu’on aura partagé nous donne l’envie d’aimer… » Ces paroles, quand j’avais 15, 16, 17 ans, c’est tous les jours que je les chantais. De manière inaudible dans ma tête à l’école pour oublier les autres, doucement dans ma chambre quand je rentrais le soir, ou fort et avec foi ce jour là où sous la pluie, après une mauvaise chute de cheval, j’attendais seule une ambulance, ne sentant plus mes pieds et tenant fort ma nuque, craignant pour mes vertèbres…

Les Dix Commandements, c’est LE spectacle qui a marqué la période ingrate de ma vie, ma (pas) chère adolescence. J’y ai tout mis dedans. Mes espoirs, mes rêves.
Les plus beaux souvenirs de cette période, ce sont les fois où j’allais les voir. Avec mon amie Laetitia, on connaissait les chansons par cœur. On se déguisait tantôt en reine égyptienne, tantôt en esclave et on s’attribuait les rôles. Chantions chanson par chanson. Nous connaissions les noms de chaque danseur, chaque chanteur, chaque acteur de l’ombre. Notre passion nous a même menée à recréer la scène en maquette cartonnée ! On était fan, quoi.

Alors vous dire que ça m’a fait tout drôle quand j’ai appris qu’Elie Chouraqui était sur le point de recréer le spectacle, ne vous étonnera pas. Ma première pensée est allé vers Laetitia à qui j’ai immédiatement envoyé un sms : « Ce serait magnifique de retourner les voir ensemble… »

Pour ma part c’était en tout cas immanquable. Même si j’ai pris de l’âge, du recul, et ai d’autres priorités aujourd’hui, je n’ai jamais oublié mes rêves d’adolescente. Mes places pour les spectacles à Bercy ce sont retrouvées très rapidement dans mon panier virtuel.

Puis quelques mois se sont écoulés. Avec amusement je me suis mis à suivre l’actualité de la troupe sur les réseaux sociaux. L’attribution des rôles, les anciens qui reviennent, les nouveaux qui arrivent, l’enregistrement de l’album puis, début octobre, les répétitions qui commencent. Les premières images, filtrées, de la scène qui prend forme (OMG, c’est presque la même!!), les chorégraphies de Kamel Ouali quasi identiques (la vache, j’ai l’impression d’y être denouveau!!) les mises en scènes et les tableaux copiés-collés de ceux que j’ai tellement aimé (hummmpppfrrrrr!!) Je dois l’avouer, l’impatience a commencé à gagner du terrain, et ce, surtout quand mon ami Salem, danseur sur la première version des Dix Com et à nouveau de la partie pour cette ré-édition, a commencé à m’envoyer de temps en temps des sms pour me raconter l’avancée de ses journées de répétitions.

– Mon rêve d’ado m’avait rattrapé.-

J’ai fini par craquer ce soir où j’ai décidé d’envoyer un message à Ahmed Mouici, ex-Ramsès devenu coach vocal, et étant une connaissance Facebook depuis quelques années.
« J’aimerais énormément venir faire un reportage sur les répétitions des Dix Com pour mon blog… Tu penses qu’il y a moyen que… ? » Réponse rapide: « Appelle la responsable presse de ma part: 06 2x xx xx xx…. »

Les doigts croisés, je contacte celle qui aura le pouvoir de dire oui… ou non. Au bout du fil : « C’est une super idée ! » Quelques instants plus tard, la date de ma venue est fixée. Le 8 novembre sera le jour où mon cœur d’ado, finalement pas si bien planqué dans ma poitrine, allait battre très fort.

7 novembre 2016, départ pour Paris.
Toute contente, sourire aux lèvres, armée de mon appareil photo, objectifs, cartes mémoires et le cœur grand ouvert à ce que je vais vivre, je suis prête. Prête à accueillir une expérience qui m’aurait sidérée 15 ans plus tôt.

8 novembre. Le rendez-vous est fixé avec Salem à 10h30 pour aller ensemble sur le lieu des répétitions. Le décor a été monté dans le studio 5 de la Cité du Cinéma à Saint-Denis, dans le nord de Paris. Les lieux appartiennent à Luc Besson et sont habituellement utilisés pour le tournage de films. Rien que l’idée de pénétrer dans cet endroit me donne des frissons. Salem arrive à la bourre, on se saute au cou, heureux de se retrouver, et déjà nous entrons dans l’immense bâtiment, ou hangar, devenu le fief des Dix Commandements. Il s’excuse, me laisse devant la scène et court se changer, ayant déjà raté le début des échauffements. En quelques secondes, sans avoir eu le temps de comprendre quoi que ce soit, je me retrouve là, l’immense scène devant moi (45m de large sur 16m de profond et 12m de haut!), la musique retentissant dans tout le bâtiment, les éclairages de toutes les couleurs qui m’aveuglent. A moins que ce ne soit le flux d’émotions qui troublent ma vision…
Rapidement, j’aperçois Merwan Rim, chanteur, ex-doublure de Ramsès devenu aujourd’hui titulaire du rôle. Je me dirige vers lui pour le saluer. Ça fait 15 ans que je le connais et on ne s’est finalement jamais vraiment perdu de vue. Retrouvés même quelques fois sur diverses occasions. Mais là, ça fait un bail! Il a le sourire. On se fait la bise, discutons un instant puis Merwan me présente aux nouveaux de la troupe que je ne connais pas encore. Les anciens étant pour ainsi dire tous devenus des connaissances plus ou moins proches.

Tout le monde m’accueille avec le sourire. Je fais le tour des gens présents dans la salle et me raconte en quelques mots qui ressemblent à « Suissesse – reportage – blog ».

Le cœur bat déjà fort, mais redouble d’intensité quand vient le moment d’aller saluer Elie Chouraqui, créateur du spectacle et figure emblématique de mon adolescence. Il me regarde : « Je me souviens de vous… On s’est rencontré il y a très longtemps… » Bluffée, je lui dit qu’en effet nous nous sommes rencontrés quand j’étais ado… « Je me souviens de votre visage… » Je n’en reviens pas.

Sentant que je suis définitivement la bienvenue ici et obtenant la permission de filmer ce que je souhaite et me balader où bon me semble, je me met au travail, repère les lieux, et commence à tourner les images qui serviront à mon vlog.

Dernières modifications
La matinée, ou ce qu’il en reste, est dédiée au réajustement du tableau du « Dilemme ». Vanina, qui interprète Néfertari et chante cette chanson, n’est « pas assez mise en valeur » d’après Chouraqui. Kamel Ouali, accompagné de son assistante Marjorie Ascione, revoit donc le tableau et travaille les nouveaux placements avec les danseurs.

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Passionnant à observer. Je m’installe sur une chaise, face à la scène et regarde, scrute, écoute. N’en perd pas une miette. Kamel, grand pro, impose le respect. Je suis fascinée par ce qui se déroule face à moi. Des backstages, des envers du décor, j’en ai vu. Plus d’une fois. Et pourtant, je garde ce même regard de gosse sur tout ça.

L’humain, l’individu, quand il brille dans son art, quand il rayonne à sa juste place, me fascine. Les artistes, quels qu’ils soient, peintres, chanteurs, comédiens, danseurs ou autres ont toujours été des inspirateurs dans ma vie.
Alors aujourd’hui, avec ces dizaines de personnalités artistiques face à moi, je vous laisse imaginer le flux d’inspiration qui me remplit… Fabuleux !

Le reste de la matinée passe très très vite. Le tableau du Dilemme semble désormais acquis par la troupe et convient à Elie Chouraqui. Il est temps pour tous de prendre une pause et d’aller manger. Je retrouve Salem et nous rejoignons la cantine de la Cité du Cinéma. Immense lieu rempli de dizaines, voir centaines de gens. Il y a autant de personnes qui travaillent ici ? Je découvre un monde.
Le repas se déroule en toute convivialité. A ma table, quelques danseurs dont les deux suisses Malvin et David. Nous faisons connaissance, rions beaucoup, Pablo Villafranca (chanteur et titulaire du rôle de Josué) nous rejoint dans nos rires et déjà il est temps, pour les artistes, de retourner se mettre au travail.

Plus de 300 costumes
L’après-midi sera chargé puisque les deux actes du spectacle, c’est à dire l’entièreté, seront joués pour la première fois en conditions réelles. Mais avant ça chaque danseur et chanteur est attendu à la loge maquillage/coiffure/habillage. Tout cela prendra une bonne heure. J’en profite pour observer les costumes. Plus de 300 pièces occupent les portants. Protégés sous plastique, je m’en approche et observe le travail de Benjamin Larosa, jeune styliste chargé de reproduire les œuvres de Sonia Rykiel, dessinées pour la première version du spectacle il y a 15 ans.
Posés sur des tables non loin de là, des dizaines de bijoux, casques ou perruques. Au total les accessoires du spectacle se comptent par centaines! Avec la cinquantaine d’artistes présents sur scène, c’est plus de 140 personnes qui travaillent dur pour faire de ce spectacle l’un des plus gros au monde. Oui. Au monde.

L’agitation des coulisses offre de belles images que les équipes télés, qui nous ont rejoint pour l’après-midi, semblent capturer avec le plus grand des plaisir. Les chanteurs, déjà prêts, accordent quelques interviews à BFM TV ou France 3, tandis que les danseurs sont coiffés les uns après les autres. Tresses plaquées pour tout le monde ! La coiffure « officielle » des Dix Com a donc traversé les années. Je souris.

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15h15. L’entièreté de la troupe est prête et est désormais réunie sur scène pour quelques dernières consignes et mots d’encouragement d’Elie Chouraqui. « Donnez toute l’énergie que vous devez donner pour ce type de première fois. Je vous regarde. » Son ton est encourageant, rassurant. Sans connaître profondément la relation qu’il entretient avec sa troupe, j’ai la sensation de voir en cet homme une figure paternelle. Stricte, mais aimante.
« La tortue! » crie soudainement un danseur « Ouais la tortue!! » s’exclame un autre.
Une seconde plus tard, je vois un cercle se former sur scène, Elie rejoint son centre accompagné de Kamel Ouali. Tous se tiennent bras dessus bras dessous puis baissent la tête. « Il s’agit de se parler sans se parler. Transmettez-vous toutes vos énergies positives » murmure Elie. Un silence méditatif envahit la salle. Brisé une minute plus tard par des cris d’encouragement de la troupe au complet.

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Tout le monde prend sa place. Les lumières s’éteignent. Elie entame un compte à rebours lent. Je sens mon cœur battre, mes poils se hérisser. Un frisson me parcourt. Je pense soudainement à mon père, disparu il y a 7 mois. Il m’avait accompagné sur l’une des représentations à Genève il y a 15 ans. Je suis envahie par toutes sortes d’émotions et les lui envois là où il est. Je suis en vie.

3… 2… 1… Musique.
Le spectacle commence.

Se déroule alors face à nous, les deux actes de presque 1h, entre-coupés d’un moment de debriefing qui remplace ce qui sera l’entracte durant les représentations. 2 heures durant lesquelles je vibre, sursaute, pleure, essaie de bouffer du regard chaque détail, mais il y en a trop. Je suis éblouie par les nouveaux. J’avais peur de regretter péniblement les chanteurs originaux, mais la personnalité de Joshaï, Merwan, Micky, Charlotte ou Cylia, me séduit, me captive, me fait redécouvrir les personnages. C’est beau, c’est plaisant, c’est maintenant, et ça donne le change finalement sans nostalgie amère.

Quelques améliorations sur le plan technique sont aussi notables. Par exemple, les images sur les trois écrans géants sont passées en 4K ! « En 15 ans, la technologie a évolué… » sourit Elie Chouraqui. Il ne s’en est pas privé et a retravaillé les images. Quelques changements également au niveau de certaines mises en scène, mais rien qui ne perturbera les repères de ceux qui avaient vu et aimé le spectacle auparavant.

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Une énergie hors normes !
Finalement, outre ces détails, pourtant significatifs, ce qui me marque le plus, c’est l’énergie dégagée par l’ensemble de cette troupe. La plupart des danseurs sont très jeunes, la vingtaine à peine. Certains vivent leur première grosse scène. Tous sont habités jusqu’aux tripes par la même passion. Tous se donnent sans compter.
Ce feu d’artifice de positivité, les spectateurs le prendront à coup sûr en plein cœur les 17-18-19 et 20 novembre prochain à L’Accor Hôtel Arena, anciennement Bercy, de Paris. Une tournée suivra. 17 villes ont déjà été confirmées et les prélocations ont déjà débutées, mais Genève n’a pas encore été annoncé. « On viendra en Suisse » m’a promis Elie….

C’est sur ces mots que s’achève cette journée, après un gros debriefing pour toute la troupe, félicitée pour leur performance par un metteur en scène et une équipe de production satisfaite.
Quant à moi, le sourire et le cœur rempli de joie, je salue, remercie tout le monde et dis à bientôt. « A dans 9 jours… pour la première… »

L’histoire est loin d’être finie…

–> Retrouvez ici la vidéo de cette folle journée 

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