Annika Horn. Si son nom vous est familier, c’est que cette belle brune de 25 ans est la fille de l’un des plus grands explorateurs de ce Monde, Mike Horn. Cela faisait longtemps que je souhaitais la rencontrer. Habitante de la région lausannoise, nous nous suivions mutuellement sur les réseaux sociaux avec un intérêt bienveillant l’une pour l’autre depuis presque un an. Après des mois d’échanges sous forme de likes virtuels, j’ai décidé de proposer à Annika une rencontre. Répondant par l’affirmative, c’est donc le 16 janvier que nous nous sommes enfin rencontrées au Café de Grancy à Lausanne.

Une ribambelle de questions en tête, j’avais envie, par cette rencontre de comprendre l’univers d’Annika. D’entendre ce que c’est que de grandir avec un père qui occupe sa vie de challenges surhumains.
Alors sans préparer de véritable interview, je me suis rendu à Lausanne en me promettant d’agir à l’intuition, au feeling, et de laisser la conversation prendre la forme que nos énergies mêlées allaient lui donner. En est ressorti un très bel échange de presque deux heures. Car les Horn sont passionnants. De véritables sources d’inspirations pour un monde en demande. Et si le modèle paternel place la barre au delà de tout ce qu’on peut attendre d’un être humain, j’ai découvert ce jour-là que ses filles n’ont pas à rougir d’elles-mêmes. Annika, l’aînée, et Jessica, sa cadette, sont des jeunes femmes brillantes. Et déjà parfaitement à leur place malgré leur jeune âge.

La rencontre.
Il est 14h. Annika, ponctuelle, se dirige tout sourire vers moi dans ce chouette café de Grancy. Je remarque immédiatement son regard, très volontaire et posé, celui-là même qui m’attirait depuis la première photo que j’avais vu d’elle. Elle s’assied, nous commandons à boire. Nos thés arrivent, et la conversation se met en place. « Jessica souhaitait venir au rendez-vous mais elle est entrain d’accompagner à la gare des gens d’M6 avec qui nous venons de dîner. On a des projets pour papa et nous étions en négociations. » Car les deux jeunes femmes ont, depuis le décès de leur mère survenu en 2015, repris en main tout le travail que celle-ci effectuait auprès de Mike, à savoir ses relations presses, l’organisation complète de ses expéditions et leur suivi. « Quand maman est décédée, je me suis positionné très naturellement comme sa successeuse sur le plan professionnel auprès de Mike. Je suis l’aînée et c’est mon père. C’était logique que ce soit moi qui reprenne la gestion de ses activités. » Annika, qui vient alors d’obtenir son bachelor à l’Université américaine de Paris en Global communication, se sent les compétences d’un manager. Elle sera très vite rejointe par sa soeur Jessica lorsqu’à son tour, elle obtient son diplôme à l’Université de Boston. Ensemble, elles fondent Horn Media dont elles ont installés les bureaux dernièrement à Lausanne. « La communication autour de notre père nous prend tout notre temps. Pour le moment, nous n’avons pas la possibilité de manager une autre personnalité« . Car en effet, depuis que Mike apparaît sur M6, tout d’abord en tant que « consultant en survie » pour la télé-réalité aventure The Island, puis comme personnage principal de l’émission A l’état sauvage, concept anglais visant à emmener une célébrité en conditions de survie dans un endroit reculé du monde, la notoriété de Mike Horn s’est vue grimper et a été décuplée. Avec ceci, une médiatisation importante et une demande de rencontre avec son public toujours plus forte. Pour preuve la moindre de ses conférences se donne à guichets fermés. (L’an passé c’est la Salle Métropole de Lausanne et ses 1200 places que Mike a rempli 6 fois au lieu des 2 initialement prévues! Les billets ayant trouvés preneurs en quelques minutes.)
« Ce qui est marrant là-dedans, c’est que papa ne voulait pas faire ces émissions pour M6 au départ! » Annika me raconte que la chaîne est venu le chercher et l’a convaincu de passer le casting pour The Island. Mike y va finalement poussé par sa fille, toute contente que son père « monte à Paris » et vienne par la même occasion enfin voir l’Université dans laquelle elle étudie depuis plusieurs années. « J’étais trop contente qu’il soit là et qu’enfin il voit mon environnement. Je l’ai accompagné ensuite au casting et les gens d’M6 se sont tout de suite exclamés « C’est lui qu’il nous faut ». » Mais malgré l’unanimité, Mike n’est toujours pas enthousiaste à l’idée de passer devant la caméra et d’être dans la lumière. M6 doit alors trouver les bons arguments pour que, finalement, il décide d’accepter le projet. Je demande à Annika comment son père a géré ses premiers pas dans un tel programme télévisé. D’un regard amusé, elle me répond: « Oh tu sais, c’est Mike… Il s’adapte très vite à n’importe quoi… » Pas de quoi se faire du souci en sorte. Forêts amazoniennes, hauts sommets, Antarctique glacée ou plateau télé, au final celui-là trouve sa place dans toutes les situations et tous les environnements. Une qualité qu’il semble d’ailleurs avoir transmis à ses filles.

Une enfance peu banale
L’un des sujets que je souhaitais développer avec Annika, était le thème de son enfance. Je me demande depuis longtemps comment celle-ci s’est déroulée avec un père dont la vie si particulière a forcément influé sur toute la famille.
Comment ont-elles vécu l’absence de Mike, presque constamment à l’autre bout du monde, entrain de risquer sa vie et repousser ses limites? Comprenaient-elles ses choix? Lui en voulaient-elles? Trouvaient-elles ça finalement complètement normal? N’y ont-elles jamais perçu une notion d’égoïsme? A ces questions, je n’ai eu qu’à observer l’attitude d’Annika et écouter ce qu’elle me disait pour comprendre que rien de tout ça ne l’avait traumatisée ou blessée. « Bien sûr, il y a des années où on ne voyait presque pas papa. En fait, il rentrait de ses expéditions et nous ne le reconnaissions même pas », sourit-elle. « C’est maman qui devait nous dire que ce monsieur avec sa barbe était bien notre père. Alors cela prenait 1 ou 2 jours, et puis nous le reconnaissions enfin. Mais c’est vrai que notre mère nous a élevée presque seule. Elle a été très forte. » Et même si les filles sont souvent avec Cathy, leur maman, les souvenirs créent avec leur père sont puissants et carrément hors du commun. « Nous partions en expédition tous en famille. Quand j’avais une dizaine d’année, nous sommes parti découvrir le Pôle Nord! Nous marchions des jours et des jours » La famille restera dans le Grand Nord même plus longtemps que prévu et sera adoptée quelques semaines au sein d’une tribu d’inuits. Les filles Horn se lient d’amitié avec une jeune autochtone de leur âge qui leur apprend la vie de la tribu. « Elle nous avait pris sous son aile. Tous les matins, on partait pêcher sous la glace avec elle. Elle nous transmettait ce qu’elle savait. » Grâce à leur père, les filles vivent l’école de la vie de la plus pure et la plus large des manières au travers de plusieurs expéditions. Leur esprit se forme, leur vision du monde aussi. Un cadeau inestimable qui font d’elles aujourd’hui des jeunes femmes courageuses, ouvertes au monde et aux expériences, qui connaissent leurs capacités et n’ont pas peur de repousser leurs limites. Quel sacré bagage…! Et quel héritage transmis par leur père!
Le décès de leur mère, survenu après un long cancer le 19 février 2015, est une épreuve extrêmement douloureuse auquel le clan Horn fait face en renforçant encore ses liens. Quelques mois après le drame, un road trip familial les mènera jusqu’au Pakistan où Mike tentera l’ascension du K2, le 2ème plus haut sommet au Monde, situé sur la frontière sino-pakistanaise. Puis l’année d’après, le moral bas, l’aventurier passe de longues semaines chez lui. Ce sont finalement ses filles qui lui demandent de partir, « Papa tu vas mourir si tu restes là. Repars en expédition!« . S’en suivra alors, début 2017, l’un des plus beaux exploits humain de ce début de XXIème siècle: la traversée de l’Antarctique en solitaire. 57 jours d’un défi pour ainsi dire surhumain, durant lequel Mike aurait pu mourir 100 fois au moins! « Un jour de son expédition, papa nous a appelé. Il parlait calmement au téléphone et nous a annoncé qu’il avait perdu sa casserole et que sans elle (qui lui permettait de chauffer la glace et avoir de l’eau), il ne savait pas si il survivrait. Quand papa appelle, c’est vraiment qu’il y a un problème grave et qu’il a tout tenté. » Pour la casserole, Mike s’en sortira finalement en inventant un système de secours avec des bouteilles de gaz, si ingénieux que Mac Gyver pourrait définitivement aller se rhabiller. Hélas, ce n’est pas à chaque fois que le père d’Annika et Jessica s’en sort. « A Nouvel An, cette année, et alors qu’on était en pleine fête avec nos amis, papa nous a appelé. Cette fois il était aux Philippines. Bloqué dans une tempête, sur son bateau échoué sur la barrière de corail! Il n’avait aucune possibilité de se tirer d’affaire! » Les filles se retrouvent alors à engager une véritable course contre la montre, appelant les secours philippins qui, fatigués sans doute de leur soirée du Nouvel An, ne « comprennent rien » à ce que les filles tentent de leur expliquer. Au final, après plusieurs minutes et plusieurs coups de fil, elles parviennent à dépêcher une équipe au secours de Mike. Il sera évacué, mais son bateau restera, quant à lui, prisonnier de sa situation périlleuse. « Il n’en parle pas, mais je sais que ça le ronge! Il ne supporte pas de laisser son bateau! » sourit Annika.

Il est maintenant 16h. Notre rendez-vous prend gentiment fin. Je remercie Annika pour ce beau moment et son ouverture envers moi. Elle m’invite à assister à la conférence de son père qui aura lieu le lendemain à Champéry. Je suis toute excitée par la perspective d’enfin aller écouter Mike Horn en direct et de rencontrer cette fois Jessica, qui sera là avec sa soeur et que je n’ai donc pas pu voir aujourd’hui. Je dis « à demain » à Annika, la quitte le sourire aux lèvres et prend le chemin du retour pour rentrer chez moi.
Dans la voiture je réfléchis. Au fond, j’espérais peut-être rencontrer Annika et ne parler que d’elle, en oubliant qu’elle est « la fille de… ». Je voulais mettre la lumière sur cette jeune femme qui m’intriguait, m’attirait. Mais au final, je me suis rendue compte qu’être la fille de Mike Horn n’est pas un simple statut mais une vie. Etre la fille de cet homme a véritablement conditionné son existence, lui a crée une vision de celle-ci, une façon de l’appréhender, d’évoluer. A conceptualisé sa vie entière.

Les psys aimants les raccourcis qualifieraient sans doute Mike de père étouffant par sa personnalité. Chercheraient où et quand les filles ont bloqués et n’ont pu se développer dans leur propre individualité. Un sujet que j’ai tout de même approché avec Annika qui, cernant sans doute le cliché grâce à sa maturité remarquable, a balayé tout ceci avec un aplomb qui ne laissait aucune place au doute. Je l’ai écouté et ai compris alors qu’il n’y a pas de père trop existant dans leur cas. Pas d’étouffement. Pas de souffrance refoulée. Non. Il y a un père dont la personnalité et les rêves lead une famille. Il y a des filles affirmées et brillantes qui aiment, soutiennent leur père et s’épanouissent dans la place qu’elles ont pris elles-mêmes et qui les rendent indispensables aujourd’hui à l’entreprise de Mike, devenue une entreprise familiale. Il y a une famille qui regarde dans la même direction et a les mêmes objectifs. Quelle belle victoire, si l’on peut qualifier cela ainsi.
Mike Horn, entouré de l’amour inconditionnel de ses enfants peut se targuer d’avoir le soutien le plus précieux qui soit.
Et l’amour, c’est bien cela. Ne pas retenir l’autre par peur de le voir disparaître, mais lui faire confiance et le pousser à suivre sa route, ses rêves, sa destinée. Les Horn sont une sublime leçon du vrai Amour. Celui qui se vit dans la liberté d’être et dans la liberté de laisser l’autre être et vivre son évolution.

Merci aux Horn pour cette source d’inspiration!

–> Merci Mike et les filles pour ce shooting réalisé par mon mari Olivier et moi-même en août 2018, pour Propriétaire Magazine qui a publié cet article dans leur numéro de novembre 2018.

2 Comments

  1. Bula-Lauber Reply

    Les photos sont magnifiques.Mike et ses filles,une belle famille,la douleur d’avoir perdu Cathy que j’ai eu l’occasion de connaître lors d’Expo 2002 sur le bateau Idée Suisse avec Jean-Philippe Rapp.Un beau et doux souvenir.
    Le plaisir non dissimulé d’avoir rencontré en chair et en os au SIHH et d’avoir ma photo avec m’a comblée.J’ai lu tout ces livres et il est mon Idole.Je suis Fan à 100% voir +
    Félicitations pour l’article qui est très touchant et me réjouis à l’idée de rencontrer une nouvelle fois Mike.
    Cordiaux messages.
    Christiane

  2. Je trouve très jolie la conclusion de cet article, Je pense également l’amour et la liberté comme indissociables.

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